UNIKETAT, UN JEUNE PRODIGE PYRÉNÉEN, NOUVEAU ROI DU GRAND CROSS DE PAU

À 6 ans seulement, Uniketat est venu mettre à l’amende ses aînés ce dimanche, à l’occasion du Grand Cross de Pau (L.), qu’il a brillamment remporté sous la selle de Felix de Giles, offrant au pilote anglais un premier succès dans cette prestigieuse épreuve, ainsi qu’à Hector de Lageneste & Guillaume Macaire, ses entraîneurs, Véronique Berquand, sa propriétaire, et ses éleveurs, Jean Contou-Carrère et Yves Broca.

 

Uniketat et Felix de Giles, grands vainqueurs du Grand Cross de Pau (L.) cette année (© Robert Polin)

 

C’est ce qui s’appelle « ramener la coupe à la maison » ! En effet, ce titre du rappeur Vegedream, devenu ultra populaire suite à la victoire de l’Équipe de France de Football lors du Mondial 2018, décrit à merveille ce que vient de réaliser Uniketat, pur produit du Béarn, qui est parvenu, au très jeune âge de 6 ans, à remporter pour la première fois le Grand Cross de Pau (L.), au pied des Pyrénées, permettant également à tous ceux qui  ont contribué à ce succès d’inscrire eux aussi leur nom au palmarès de cet Éverest du cross français : sa propriétaire, Véronique Berquand, ses éleveurs, Yves Broca et Jean Contou-Carrère, ses entraîneurs, Hector de Lageneste et Guillaume Macaire, et son jockey, Felix de Giles.

 

 

Après avoir couvert la première moitié du parcours dans le dos des animateurs, Uniketat est venu prendre ses responsabilités en franchissant parfaitement une première fois le gross passage de route. Solidement installé au commandement et très appliqué dans ses sauts, le partenaire de Felix de Giles a semblé prendre une option sérieuse pour la victoire sitôt la dernière haie franchie, comptant quelques longueurs d’avance sur ses adversaires. Mais c’était sans compter sur le pensionnaire d’Emmanuel ClayeuxLucky Net Love (Network) qui est revenu du diable Vauvert, à la vitesse de l’éclair, et est parvenu à  sa hanche dans les tout derniers mètres du parcours. Une fin de course ô combien magnifique et haletante, au cours de laquelle Uniketat est néanmoins parvenu à sortir vainqueur, aux dépens d’un héroïque Lucky Net Love, et à la plus grande joie de tout son entourage, chez qui la ligne droite du Pont-Long a dû sembler bien longue ce dimanche 07 février ! Un peu plus en retrait, Blason d’Or (Nidor) se comporte une nouvelle fois très bien et vient compléter le podium de cette épreuve, sa grosse faute au deuxième franchissement de la banquette de Bordeaux lui coûtant sans doute de terminer plus près…

 

 

Amené au top pour son grand objectif de l’hiver, sur lequel son entourage avait tablé depuis un an déjà, Uniketat devient ainsi le quatrième cheval âgé de 6 ans à inscrire son nom au palmarès du Grand Cross de Pau (L.) depuis les années 1980, après Line Lawyer (1997), Malbereaux (2007) et Easysland (2020). Une performance assez rare pour être soulignée, à mettre bien entendu au crédit de ses deux éleveurs béarnais, Jean Contou-Carrère et Yves Broca, chez qui il est né et a grandi à seulement une bonne demi-heure en voiture de l’hippodrome du Pont-Long. Septième produit de l’inédite Ahombros, Uniketat est le frère de quatre autres gagnants en obstacle, parmi lesquels on retrouve deux très bons sauteurs entraînés par William Menuet, à savoir Lady d’Ogenne et Océan Austral, lauréate à neuf reprises et notamment dans le Grand Steeple-Chase de Craon (L.) pour la première nommée, le second ayant quant à lui aligné quatre « bâtons » en obstacle, dont une fois dans le Grand Cross de Fontainebleau (L.), il y a deux ans.

 

Vision d’Etat, le père d’Uniketat, alors étalon au Haras de Cercy

 

Appartenant à la même lignée que d’autres très bons sauteurs qu’étaient Singasinga, un entier vainqueur du Finot des Poulains (L.) en 1995 et classé deuxième du Prix Renaud du Vivier (L.) un an plus tard, imité en cela par son frère, Elling, en 1997, Uniketat fait ainsi un joli clin d’oeil à son père, Vision d’État, formidable champion aux quatre victoires de Gr.1 ayant tant apporté à Jacques Détré et toute sa famille, avant de brutalement disparaître au début du printemps 2018. Paré de la célèbre casaque rayée grise et grenat de ce dernier et de suite placé sous la férule d’Hector de Lageneste, Uniketat a effectué ses grands débuts en compétition sur les balais du Putois, à Compiègne, au printemps de ses 3 ans, terminant alors bon deuxième de son compagnon de casaque, Powder Path, futur lauréat du Prix Miror au niveau Listed. Lauréat pour la première fois de sa carrière au même âge, sur les gros obstacles du Pont-Long, Uniketat a ensuite montré ses limites l’après-midi en haies et en steeple, terminant au mieux quatrième du Prix Antoine de Palaminy (L.), toujours à Pau.

 

Uniketat, dans ses oeuvres sur les fromages palois (© Robert Polin)

 

Mais ce dernier a dévoilé des moyens très intéressants sur la « terre » le matin à l’entraînement, au domaine de Sers, incitant son jeune metteur au point, Hector de Lageneste, à le présenter à Véronique Berquand, une femme originaire du Pays Basque et du concours hippique, arrivée dans le milieu des courses par l’entremise de l’écurie Pau Racing Club créée par ce dernier, et a accepté que ce fils de Vision d’État devienne son premier cheval de courses et qu’il ne débute sa carrière en cross, parée de sa casaque aux couleurs du Pays Basque. Malheureusement, les premières sorties en cross d’Uniketat ne se sont pas déroulées sous les meilleurs auspices, se voyant disqualifié à Castera-Verduzan car son pilote s’était trompé de parcours, avant de terminer troisième à Paray-Le-Monial puis de chuter à Pau. C’est alors que le beau bai est parvenu à remettre les pendules à l’heure dès sa quatrième sortie sur la terre, au tout début de l’année 2020, à Pau, remportant alors très plaisamment le Prix Paul Larregain, déjà avec l’aide de Felix de Giles.

 

Sur cette photo d’archives, Véronique Berquand (à gauche), heureuse propriétaire d’Uniketat (© Robert Polin)

 

Confié ensuite au très expérimenté Alain de Chitray, grand absent de cette journée de gala au Pont-Long pour avoir écopé d’une mise à pied de quinze jours à la mi-janvier, Uniketat a ensuite glané deux autres succès en cross lors de ce meeting d’hiver palois, s’imposant avec désinvolture dans les Prix Jean et René Coutéil et Jules de Saint-Sauveur, face à la jeune garde des 5 et 6 ans. Auteur d’une bonne reprise de contact avec la compétition en octobre dernier, terminant bon quatrième d’une course en haies, toujours au Pont-Long, et après avoir mis entre parenthèses une possible excursion chez nos amis anglais, Uniketat a de nouveau impressionné en franchissant le poteau en tête lors de deux des préparatoires à ce Grand Cross de Pau (L.) : les Prix Hubert de Navailles et Mortimer de Lassence.

 

Sous les masques et un ciel pluvieux, un entourage des plus heureux de la première victoire d’Uniketat dans le Grand Cross de Pau (© Robert Polin)

 

Un cheval qui n’a eu de cesse de gravir les échelons et de concrétiser l’après-midi tout le travail d’orfèvre réalisé chaque matin par Hector de Lageneste et toute son équipe du domaine de Sers, permettant justement à l’association formée par ce dernier et le maître-entraîneur royannais, Guillaume Macaire, de signer une première victoire d’envergure, de très bon aloi avant la rentrée parisienne. Mais surtout un athlète faisant vivre un formidable rêve éveillé à sa propriétaire et ses éleveurs pyrénéens, Véronique BerquandJean Contou-Carrère et Yves Broca, tous trois provenant d’un riche terroir d’élevage, connu et reconnu pour fabriquer des chevaux vite et précoces à 2 ans mais également d’excellents sauteurs toutes races confondues – pur-sang, AQPS, Anglo-Arabes -, dont le savoir-faire a de nouveau été mis au grand jour en plein coeur de la capitale béarnaise. Chapeau messieurs-dame, et chapeau Uniketat !