David Morisson : « Je ne pouvais pas rêver mieux pour finir »
Le 28 décembre dernier, David Morisson a célébré de la meilleure des façons la fin de sa carrière de jockey par une victoire avec sa propre pensionnaire Atout Cœur. Le nantais installé dans le sud-ouest depuis plus de 25 ans a tourné avec nous une page de sa carrière désormais consacrée à 100% à sa nouvelle vie d’entraineur. Interview.
David Morisson en famille au restaurant de l’hippodrome de Pau avec sa femme Stéphanie et ses enfants Marine et Tom
« Jean Brouqueyre, le directeur de l’hippodrome de Pau m’a appelé juste avant le 28 décembre car il avait vu que j’étais déclaré comme jockey d’Atout Cœur, confie David Morisson. Il m’avait demandé s’il s’agissait là de ma dernière monte et il avait vu juste. Je ne l’avais pas annoncé plus tôt. De toute façon si tout cela avait été calculé, le résultat n’aurait peut-être pas été le même. Avant la course, les jockeys m’avaient fait une haie d’honneur pour descendre l’escalier des vestiaires. Cela m’a fait chaud au cœur d’autant plus qu’un discours avait été annoncé par la suite. Sérieusement, je ne me voyais pas gagner la course. Il y a avait tout de même 18 chevaux.
Atout Cœur m’a fait plaisir. Cette pouliche avait été achetée à Deauville aux ventes d’automne avec des copains et ma femme Stéphanie. Je trouvais cela bien d’arrêter ma carrière de jockey avec une de mes représentantes d’autant plus qu’elle avait finalement bien couru lors de première course pour notre écurie. Sur le papier elle n’était que 6e le 11 décembre dernier. Elle avait été prise de vitesse dans le dernier tournant mais avait bien fini sur 1500m. Cette course était sur 1900m. Comme dit, je ne pouvais pas rêver mieux comme sortie. Le soir même, un repas était prévu avec ma grand-mère. On est venu un peu en retard, il fallait bien boire du champagne pour fêter ça.
J’ai décidé de mettre un terme à ma carrière de jockey car à 46 ans, cela devenait compliqué. Je bataillais depuis plusieurs années pour faire le poids. Le fait de jouer sur les deux tableaux entraineur et jockey était aussi plus compliqué et quand tu ne montes plus régulièrement, te n’es plus dans le coup. »
David Morisson a gagné 665 courses en France plus une quinzaine en Espagne et ailleurs en Europe avec les PSA de Jean-Pierre Totain. Le voici ici avec Atout Coeur à Pau le 28 décembre 2018 ©RobertPolin
David Morisson s’est lancé entraineur depuis plus d’un an. Son premier partant, Lanvoler s’était placé 3e à Pau le 8 janvier 2018. C’est d’ailleurs sur son centre d’entrainement de Pau que le professionnel s’est installé comme entraineur. Il y a plus de 25 ans, David était arrivé pour monter en meeting hivernal. Il n’a jamais quitté l’endroit comme il nous l’explique : « J’adore Pau. J’y suis depuis 1990. J’ai monté 15 ans chez Jean-Claude Rouget puis 10 ans chez François Rohaut et encore 5 ans chez Charles Gourdain. A la base j’étais venu en meeting pour Guy Chérel qui a été mon maître d’apprentissage à l’époque où il était entraineur particulier pour le Haras de Mirande. Avec Isabelle Pacault, s’étaient mes deux patrons. Je leur dois une fière chandelle. Je ne finalement resté à Sers chez Jean-Claude Rouget sur les recommandations de Guy. J’ai rencontré ma femme qui était originaire de Tarbes avec laquelle nous avons eu par la suite nos deux enfants Marine et Tom. J’ai réellement appris à travailler un cheval le centre d’entrainement de Sers après toutes ces années. Quand je me suis installé entraineur, c’était Pau ou rien. Il n’y avais pas de doute. J’ai commencé avec deux, trois chevaux qui arrivaient au compte-gouttes grâce au bouche à oreille, l’écurie s’est remplie. J’ai eu la chance d’avoir une jument de Cheik Mansoor Bin Zayed, Hind qui a gagné deux Listed en Hollande puis à Pise en fin de saison en 2018. Hind a d’ailleurs été notre première gagnante, le 13 mai à Royan où j’avais passé quelques semaines avant de m’installer entraineur. Je n’avais pas beaucoup voyagé et je voulais voir comment se passait les entrainements chez Guillaume Macaire et François Nicolle. Ma première année d’entraineur s’est plutôt bien passée. J’ai pu gagner 12 courses en France avec les PS, PSA et AA avec un bon cheval qui s’appelle Croucracq. Aujourd’hui (lire ce vendredi 4 janvier 2019, ndlr), mon deuxième partant sur les obstacles, Alib s’est classé 4e à Pau.
Je peux vous citer trois noms de chevaux qui m’ont marqué pendant ma carrière de jockey. Il y a tout d’abord eu Family qui arrivait à un moment charnière de ma carrière car je venais de perdre ma décharge. J’ai gagné 10 courses avec cette anglo-arabe dont sept consécutives. Cette pouliche était chez Denis Etchebest pour la casaque de Patrick Davezac. On a gagné de très belles courses dont le Prix de l’Elevage et deux Grand National à Toulouse. Ensuite il y a eu Galizano qui était entrainé par Christian Delcher Sanchez. Ensemble, on a gagné le Grand Prix de San Sebastian et fini 2e de la Copa de Oro. Et enfin, il y a eu Golden Bridge chez Charles Gourdain avec lequel on participé au Prix du Jockey-Club en 2016 où nous avions fini 6e. »
Parmi ses 12 victoires pour sa première saison d’entraineur, David Morisson s’est illustré à Deauville dans la Listed le Prix Petite Etoile avec Cartabianca ©APRH