Uniketat et Hector de Lageneste, des « p’tits jeunes » à l’assaut du Grand Cross de Pau

Le jeune Uniketat est parvenu à aligner un quatrième succès d’affilée en cross, faisant sien le Prix Hubert de Navailles, première préparatoire au Grand Cross de Pau. Ce pur produit du Béarn, élevé en association par Jean Contou-Carrère et Yves Broca, met ainsi à l’honneur la casaque aux couleurs du Pays Basque de Véronique Berquand, converti aux charmes des courses par Hector de Lageneste, l’entraineur d’Uniketat.

 

Uniketat, Hector de Lageneste et Alain de Chitray, vainqueurs du Prix Hubert de Navailles, cet après-midi, à Pau (© Robert Polin)

 

Comme le bon vin, Hector de Lageneste et Uniketat n’ont de cesse de se bonifier avec le temps. Car aussi jeunes et sémillants soient-ils, l’homme et l’animal s’affirment de plus en plus dans le paysage de l’obstacle français. Le premier nommé dans la nouvelle vague des jeunes entraîneurs à succès en obstacle, le second parmi les chauds prétendants au titre du prochain Grand Cross de Pau (L.), organisé le dimanche 07 février 2021. En effet, malgré le fait que le représentant de Véronique Berquand ne soit âgé que de 5 ans, Uniketat a de nouveau fait grosse impression sur les gros obstacles du Pont-Long, ce samedi 05 décembre, remportant brillamment le Prix Hubert de Navailles sous la selle de son fidèle partenaire, Alain de Chitray, avec qui il est invaincu lors de ses trois dernières sorties sur « la terre ».

 

Uniketat et Alain de Chitray, ralliant le poteau en tête devant Blason d’Or et Dyams d’Anjou (© Robert Polin)

 

 

Dans une épreuve menée tambour battant par Elegant Star (Kapgarde) et Dyams d’Anjou (Ballingarry), Uniketat s’est parfaitement accomodé des plus grosses difficultés du parcours de cross du Pont-Long, notamment le parc à moutons, le fence irlandais et le gros passage de route qu’il découvrait pour la première fois. Venu déborder Elegant Star au saut du dernier bullfinch avant d’aborder le tournant final, le partenaire d’Alain de Chitray s’est ensuite infiltré à l’intérieur de Dyams d’Anjou, le long de la corde, et ne lui a laissé aucune chance sur le plat, s’allongeant bien sur le plat sans que son jockey n’ait eu à utiliser la cravache, pour finalement rallier le poteau d’arrivée quatre longueurs devant ses rivaux. Plus revu depuis sa chute dans le Grand Cross de Mont-de-Marsan début mars, Blason d’Or (Nidor) effectue une très bonne rentrée, associé pour la première fois à Bertrand Lestrade, terminant deuxième devant la très courageuse Dyams d’Anjou, elle aussi auteure d’un très bon retour à la compétition.

 

Revivez le sacre d’Uniketat et Alain de Chitray dans ce Prix Hubert de Navailles, à Pau

 

Élevé dans les Pyrénées-Atlantiques par Yves Broca et Jean-Contou Carrère, Uniketat est le septième produit de l’inédite Ahombros, une fille de Mansonnien issue de l’élevage gersois de Francis Montauban, qui a également donné deux autres excellents chevaux d’obstacles que sont Lady d’Ogenne et Océan Austral. Ces deux représentants de l’entraîneur mayennais Willam Menuet, ont notamment brillé dans le Grand Steeple-Chase de Craon (L.) en 2013 pour la première nommée, en plus de deux autres deuxièmes places dans cette épreuve en 2014 et 2015, et dans le Grand Cross de Fontainebleau (L.) pour le second, en 2019. Issu de la même souche que les non moins doués Singasinga, étalon vainqueur du Finot des Poulains (L.) en plus d’une deuxième place dans le Prix Renaud du Vivier en 1996, labellisé Listed à l’époque, tout comme son frère, Elling, un an plus tard, Uniketat a pour père un certain Vision d’État, ancien étalon du Haras de Cercy et champion de la famille Detré. En effet, sous la férule du metteur au point sarthois, Éric Libaud, ce dernier est parvenu à se hisser sur la plus haute marche du podium à quatre reprises au niveau Gr.1, et ce dans trois pays différents, ayant fait sien les Prix du Jockey-Club et Ganay en France, les Prince of Wales’s Stakes en Angleterre et la Hong-Kong Cup à Sha Tin.

 

Vision d’Etat, le père d’Uniketat, alors étalon au Haras de Cercy

 

C’est d’ailleurs paré de la même casaque rayée grise et grenat du patriarche de la famille DétréJacques, qu’Uniketat a débuté sa carrière, déjà placé sous la responsabilité du jeune entraîneur palois, Hector de Lageneste. Deuxième dès ses premiers pas en compétition, à 3 ans, d’un autre « Détré« , Powder Path (Prix Miror, L.), dans le Prix du Brevent, à Compiègne, Uniketat a ensuite débloqué son compteur de victoires en cette même année 2018, lors du meeting de Pau, dans le Prix Jean-Paul Hugonnet. Quatrième ensuite du Prix Antoine de Palaminy (L.) à 4 ans, toujours sur le champ de courses du Pont-Long, Uniketat est ensuite passé sous pavillon Véronique Berquand au cours de l’été 2019, une jeune propriétaire fraichement arrivée dans le milieu des courses après voir vécu l’aventure du copropriétariat avec Pau Racing Club, écurie de groupe alors initiée par… Hector de Lageneste !

 

 

Uniketat, embrassé par sa propriétaire, Véronique Berquand, après sa victoire dans le Prix Jean et René Couétil l’an dernier

 

C’est d’ailleurs ce dernier qui a conseillé Uniketat à Véronique Berquand, dont l’habit de lumière vert, rouge et blanc, nous rappelle on ne peut mieux le Pays Basque dont elle est originaire, et qui a rapidement vécu le grand frisson en voyant son tout premier représentant débuter en cross à l’automne 2019. Mais si le beau bai a rapidement dévoilé à son mentor des moyens intéressants sur « la terre » le matin, à l’entraînement, Uniketat a néanmoins dû attendre sa quatrième sortie en cross pour briser la glace, après avoir connu quelques déboires, étant notamment distancé dès ses premiers pas dans la discipline, à Castera-Verduzan, car son jockey s’est trompé de parcours, avant d’éjecter son partenaire pour sa première tentative au Pont-Long, suite à une petite faute à la réception d’un fence en tout début de parcours…

 

Uniketat, très à son aise en cross, notamment sur les gros obstacles du Pont-Long (© Robert Polin)

 

Une série noire bien vite éclipsée par un premier succès plein d’autorité, dans le Prix Paul Larregain, en tout début d’année, avant d’enchaîner par deux autres victoires de rang, à chaque fois avec la manière et sous une montagne de plomb (71 kilos), respectivement acquises dans les Prix Jean et René Couétil puis Jules de Saint-Sauveur, avec son fidèle partenaire, Alain de Chitray, qui le connait sur le bout des doigts désormais. Quatrième « propre » pour sa reprise de contact avec la compétition début octobre, en haies, celui qui devait dans un premier temps traverser la Manche pour disputer une course à Cheltenham, va finalement rester à la « maison », à Pau, cet hiver, et vous donne rendez-vous le 29 décembre prochain, pour le Prix Mortimer de Lassence, qui sera la dernière préparatoire d’Uniketat avant de partir à l’assaut de l’Everest des cross français, le Grand Cross de Pau (L.), disputé début février au pied des Pyrénées. À en juger par son accélération sur le plat aujourd’hui, l’allongement progressif de la distance à parcourir ne devrait pas perturber ce protégé d’Hector de Lageneste, jeune trentenaire désireux d’inscire d’ores-et-déjà son nom au palmarès de cette prestigieuse épreuve, comme l’avait fait David Cottin l’an dernier avec un autre « benjamin », Easysland. Ce dernier, lauréat ensuite du Glenfarclas Chase lors du mythique festival de Cheltenham, face à l’ogre Tiger Roll, double lauréat du Grand National de Liverpool (Gr.3), sera peut être lui aussi présent au pied des Pyréenées en février prochain, pour tenter de conserver son titre dans ce Grand Cross de Pau (L.), qui s’annonce des plus alléchants et placé sous le signe de la jeunesse. On a hâte d’y être !