UN DÉBUT D’ANNÉE MÉMORABLE POUR ÉRIC PAPON, GAGNANT DE SA 1ÈRE LISTED PUIS DE SON 1ER GROUPE … EN SEULEMENT 7 JOURS !

L’année 2023 ne pouvait pas mieux démarrer pour Éric Papon. Ce professionnel aux multiples casquettes est le propriétaire de Jigtsar Pam, qui lui a offert une première Listed dans le Prix Christian de L’Hermite (L.) … Mais il est aussi l’éleveur de l’invaincu Impaire et Passe, qui lui a apporté une première victoire de Groupe sept jours plus tard en Irlande !

 

Éric Papon © APRH

 

Le 8 janvier, Jigtsar Pam (Galiway) s’est imposé facilement dans le Prix Christian de L’Hermite – Grand Steeple-Chase des 4 ans (L.) à Cagnes-sur-Mer, pour l’entraînement de Yannick Fouin. Cet élève de David et Patrick Moron défend la casaque d’Éric Papon, à qui il a offert une première victoire black type. Propriétaire, éleveur mais aussi entraîneur, Éric Papon possède sa propre structure à Créon-d’Armagnac dans les Landes, le haras de Peyre, où il est installé avec sa femme Pascale : un haras dont la gestion est partagée avec Sabine Van Egroo, amie d’enfance de Pascale Papon et ancienne responsable du haras de Saint-Martin du Chêne en Normandie, qui appartenait au regretté Claude Guedj.

 

Jigtsar Pam lors de sa victoire dans le Prix Christian de L’Hermite (L.), sous la casaque d’Éric Papon © André Viguier

 

Éric Papon nous a raconté l’histoire de Jigtsar Pam : « Au départ, nous voulions acheter un poulain pour tenir compagnie à Impaire et Passe, car nous n’avions que des femelles à la maison. Nous avons été voir Jigtsar Pam, qui était foal à l’époque ; son papier maternel était plutôt discret mais il nous avait bien plu au niveau de sa locomotion, et nous l’avons donc acheté à ses éleveurs. Plus tard, lorsque j’ai commencé à l’entraîner, j’ai senti que le cheval méritait d’être essayé à Paris, et j’ai appelé Yannick Fouin pour le lui proposer. »

 

De retour au haras de Peyre, Jigtsar Pam (à droite) profite d’un repos bien mérité après son excellent meeting cagnois

 

Entre Éric Papon et Yannick Fouin, c’est une histoire d’amitié de longue date : « Yannick est un ami en qui nous avons toute confiance. Il a la même façon de voir les chevaux que nous : il les laisse venir et les respecte. Dès que je prépare un cheval et que je sens qu’il a le potentiel pour courir à Paris, j’appelle Yannick. Compte-tenu de la pénurie de personnel, c’est devenu difficile pour moi de tout faire tout seul à 60 ans … Même si je monte encore à cheval ! Yannick a très bien su exploiter Jigtsar Pam, qui n’a fait que progresser depuis ses débuts. En plus, il a un super tempérament ! Et c’est un fils de Galiway (Galileo), qui s’affirme de plus en plus en tant que père de sauteurs. Actuellement, Jigtsar Pam est au repos à la maison. » Jigtsar Pam est en effet le 7e black type en obstacle issu de Galiway. L’étalon de Guy Pariente a notamment donné Vauban, triple lauréat de Gr.1 sur les claies anglaises et irlandaises, ou encore Gala Marceau, gagnante du Prix Girofla (L.) et deuxième du Knight Frank Juvenile Hurdle (Gr.2).

 

Galiway, un étalon qui marche aussi bien en plat qu’en obstacle

 

Mais l’histoire est devenue encore plus belle une semaine plus tard avec le succès d’Impaire et Passe (Diamond Boy) dans le Moscow Flyer Novice Hurdle (Gr.2) à Punchestown, le 15 janvier ! Cet ex-pensionnaire de Yannick Fouin, qui avait été exporté au printemps dernier après ses débuts victorieux en plat à Nancy, est désormais invaincu en trois sorties. Éric Papon a remporté son premier Groupe par la même occasion, cette fois-ci en tant qu’éleveur : « Impaire et Passe est issu de la dernière génération française de Diamond Boy (Mansonnien). Nous aimions bien cet étalon qui a gagné à bon niveau en plat, et ce malgré des origines d’obstacle, et qui est entré au haras sain et net. Son étalonnier de l’époque, Jean-Charles Haimet, est un ami. Nous lui avons donc amené Brune Écossaise (Le Fou), dont Impaire et Passe est le premier produit. Après ses débuts gagnants en plat, nous l’avons vendu via la première vente pop-up en ligne Arqana à Simon Munir & Isaac Souede, et il est parti à l’entraînement chez Willie Mullins. »

 

Impaire et Passe

 

Éric Papon avait acheté la grand-mère d’Impaire et Passe, Kel Écossaise (The Wonder), alors qu’elle portait Brune Écossaise dans ses flancs : « Kel Écossaise était une belle jument qui avait gagné 15 courses en obstacle, en France et en Italie. Nous l’avions dénichée par le biais d’une petite annonce, à un prix dérisoire ! J’ai entraîné Brune Écossaise pour l’obstacle, après un début de carrière en plat chez Adrien Lacombe. Elle n’a pas couru longtemps en raison d’un pépin de santé mais elle a quand même pris quelques places, notamment à Pau. Après Impaire et Passe, elle nous a donné une 4 ans par Cokoriko (Robin des Champs), qui n’a pas encore débuté mais qui est estimée. Elle est actuellement au repos et va retourner à l’entraînement chez Yannick Fouin. Brune Écossaise a aussi une 2 ans par Tunis (Estejo) et une yearling par Born to Sea (Invincible Spirit), qui sont toutes les deux très belles. La jument est pleine d’Imperial Monarch (Galileo). »
Brune Écossaise, la mère d’Impaire et Passe
Éric Papon s’est installé au haras de Peyre il y a une dizaine d’années, à son retour du Canada. Le professionnel a en effet vécu pendant 12 ans en Amérique du Nord, où il a travaillé comme assistant entraîneur chez Émile Allain … mais aussi au Cirque du Soleil, en tant que chargé de logistique des pistes ! Un parcours atypique pour celui qui était déjà entraîneur bien avant de s’expatrier : Éric Papon a notamment été le mentor de la bonne jument de cross Vite et Tient (Val d’As), qui a remporté entre autres trois courses à Pau à la fin des années 1980. Il n’a plus qu’un cheval à l’entraînement, mais le travail ne manque pas au haras : « Nous avons dû tout bâtir nous-mêmes à notre arrivée ici : pistes, boxes, marcheur, abris de pré, ect. Aux États-Unis, chacun a une place bien définie aux écuries : l’un est groom, l’autre est cavalier d’entraînement … C’est une culture du cheval différente de la nôtre. Ma femme et moi, nous nous sommes toujours occupés de nos chevaux de A à Z. Nous avons actuellement cinq poulinières, dont une en association avec Didier et Delphine Guillemin, ainsi que leurs poulains. »