Jour de Diane :  » que la province est belle « 

Et 1 et 2 et 3 ! Ce qu’on appelle les « régions de France », bref la province sinon la campagne a fait un carton plein des 3 courses de groupes le jour du Prix de Diane non seulement avec Valyra dans la tête d’affiche mais aussi avec Vagabond Shoes et Remus de la Tour. Xavier Bougon se déguise ainsi en Jean Ferrat pour remixer un de ses tubes version punk.

Beauty Parlour, gagnante de la Poule d’Essai, a donc été devancée par la septième merveille de S.A. Aga Khan, Valyra, une paloise, à l’accent gascon. A trois longueurs, Rjwa, également une pouliche en provenance de Pau, complète le trio à l’arrivée du Prix de Diane. Pour compléter l’arrivée, c’est le jockey basque, Ioritz Mendizabal, qui termine au pied du podium. Chantilly se croque à la sauce béarnaise et le Prix de Diane a un fort accent palois

 

Sous casaque Aga Khan mais entrainée à par Jean-Claude Rouget, Valyra remporte le Prix de Diane Longines tandis qu’en casaqeu grose, Rjwa termine 3e, entraînée également à Pau par François Rohaut.

 

 
Que les pouliches sont belles et que la province est belle
 
En ce dimanche printanier, quoique l’été soit proche, c’était la journée des pouliches mais on retiendra également que c’était aussi celle de la province Si le point d’orgue de la journée était le Prix de Diane et la victoire du centre d’entraînement de Pau, deux autres courses de groupes avaient été programmées par France Galop et Longines, la marque d’horlogerie suisse. La province n’a pas manqué l’occasion de mettre les pendules à l’heure en laissant les miettes aux cantiliens. Les classiques faisaient figure d’Everest et qui aurait pu imaginer, il y a quelques années, que la province allait en rafler deux en 15 jours et même trois en un mois. Que la montagne est belle !
 
Xavier Bougon vous propose un remix inédit d’un tube de Jean Ferrat (et ça décoiffe !)
 
" Ils montèrent un à un à Paris
Pour s’en aller gagner leur vie
Loin de la terre où ils vivent
Depuis longtemps ils en rêvaient
De courses principales et de ses secrets
 
Pourtant que la province est belle
Comment peut-on s’imaginer
En voyant ces si belles pouliches
Que le Sud-Ouest vient d’arriver "
 
 
 
Jean-Claude Rouget a été l’un des précurseurs de la province triomphante. (PHOTOS APRH)
 

  • Le centre d’entraînement de Pau a donc fait un joli tir groupé dans le Prix de Diane avec la victoire de Jean-Claude Rouget (Valyra) et le second accessit de son ancien assistant, François Rohaut (Rjwa). Jean-Claude Rouget a débuté en 1978 et a fêté ses 5.000 victoires en octobre 2010.
     
  • Le centre d’entraînement de La Teste s’est adjugé le Prix du Chemin de Fer du Nord (Gr.3 sur 1.600 m.) avec la victoire deYann Durepaire (Vagabond Shoes) devant le palois Rouget (Moonwalk In Paris). Natif de Senlis, le plus espagnol des français est installé à La Teste depuis presque un an. A peine arrivé, il avait enlevé avec ce même poulain le Prix Messidor l’an passé.
     
  • Le centre d’entraînement de Cabries a enlevé de haute lutte le Prix du Lys (Gr.3 sur 2.400 m. réservé exclusivement aux poulains de 3 ans) avec la victoire du marseillais de naissance, Keven Borgel (qui vient de prendre 40 ans) et son poulain Remus de la Tour (un Stormy River, élevé par Mme Anne de Clermont-Tonnerre), aux dépens du fils de Melikah (fille d’Urban Sea), entraâiné par André Fabre, Masterstroke.
Keven Borgel a commencé en septembre 1998 et compte plus de 600 victoires, la très grosse majorité en plat. Le Prix du Lys est sa première victoire de Groupe.
 
 
Davy Bonilla peut arborer un large sourire. En selle sur le marseillais Rémus de la Tour, il vient de jouer un beau tour aux classiques parisiens dans le Prix du Lys.
 
 
De Burgos à Valyra en passant par Balbonella et Millkom

Les transports, les conditions routières n’ont fait que progresser et les structures provinciales se sont améliorées petit à petit, c’est pourquoi les entraîneurs basés dans ces centres se sont permis de « monter » plus régulièrement pour se mesurer aux cantiliens ou mansonniens sur les pistes dites parisiennes depuis une dizaine d’années.
On ne trouve presque plus une épreuve principale sans au moins un vainqueur entraîné en dehors des centres de Chantilly ou de Maisons-Laffitte.
 
 
Keven Borgel (à gauche) connaît un moment unique dans une carrière: il ramène aux balances son 1e gagnant de Groupe, le jour du Prix de Diane à Chantilly.
 
  • Le tout premier succès remonte à 1956 avec la victoire de Burgos dans le Grand Prix de Saint-Cloud, entraîné par Albert Swann Jr sur les mêmes terres lyonnaises que celles qui ont permis à Saonois de remporter le Prix du Jockey Club 2012.
     
  • Il faudra attendre 10 ans (1966) pour trouver à nouveau trace d’un pensionnaire préparé en province. Nelcius, entraîné chez Paul Duboscq par Marcel Margot, s’était imposé dans le Prix du Jockey Club, préparé à Chantilly dans les dernières semaines par Miguel Clément (le père de Christophe et de Nicolas).
     
  • Vingt ans plus tard (1986), un certain François Rohaut remporte, après seulement deux ans d’exercice, le dernier Prix Robert Papin, catalogué Gr.1. Elevé par ses parents, Balbonella deviendra par la suite la mère d’Anabaa et d’Always Loyal, entraînés par Mme Christiane Head. François Rohaut a, depuis, dépassé allègrement le score de 1.400 succès.
     
  • En 1990, Maurice Bouland, installé à Chateaubriant, remporte le Prix du Cadran avec Mercalle, monté par lui-même et qui avait oublié en route Turgeon et ses autres adversaires. Mercalle deviendra la mère de l’une des meilleures pouliches japonaises, Fabulous La Fouine, élevée comme sa mère par Raymond Le Poder.
     
  • 1994 est l’année de Millkom, le pensionnaire de Jean-Claude Rouget, qui avait remporté le Prix Jean Prat puis le Grand Prix de Paris pour la famille Gour, monté par Jean-René Dubosc. Invaincu après dix sorties, il participe au Prix de l’Arc de Triomphe dans lequel il avait reçu une ruade derrière les stalles. Vendu ensuite à Gary Tanaka, il enlève les Man O’War S., monté par Gary Stevens, devant un autre français, Kaldounevees (un Kaldoun, élevé par Daniel Cherdo en Bretagne). C’était un fils de Cyrano de Bergerac, alors quasiment inconnu à cette époque.
     
  • En 1996, Shaka, propriété du Docteur Robert Bousquet, permet à la province et à Pau d’enlever leur second groupe 1 pour les 2 ans, le Critérium de Saint-Cloud. Elevé par Lady O’Reilly (sous l’entité Petra Bloodstock Ltd), il devançait à cette occasion un certain Daylami, frère de Dalakhani.
Notes : Le Critérium de Saint-Cloud a été promu Gr.1 en 1987 et à ce jour, l’élève de JCR est encore le seul vainqueur en provenance de la province.
 
 
Vagabond Shoes au canter. Et un 2e groupe dans la journée pour le Sud-Ouest.

 

 
Avec 45 victoires de Gr.1 dont 3 classiques cette année, il est fort à parier que la cinquantaine approche à grands pas.
Et pourquoi pas en octobre une victoire dans le plus célèbre des Gr.1, le Prix de l’Arc de Triomphe, vierge de tout succès de la province.
 
Notes :
  • Abbatiale, entraînée par Dominique Sepulchre, a été la première pouliche provinciale à l’arrivée (1998). Daily Busy, entraînée à Deauville par Nicolas Madamet, avait terminé au pied du podium en 1984.
  • Les trois premières du Prix de Diane 2007 débarquaient de province (West Wind, Mrs Lindsay et Diyakalanie).
  • Le jumelé de ce même Prix de Diane, édition 2009, était l’apanage de Jean-Claude Rouget (Stacelita devançait Tamazirte).
 
 
Voir le tableau de tous les Gr.1 français gagnésen plat par la province après-guerre.
 
 
Le Centre-Est, précurseur de la province
 
Le premier groupe 1 a, donc, été l’apanage d’un pensionnaire du Centre-Est. Il en va de même pour les étages en dessous, les groupes 2 et 3.
 
La province compte plus de 60 victoires de groupes 2 avec comme premier succès encore un pensionnaire de Saint-Cyr les Vignes, un certain Valanjou (élevé par le Cte Bertrand de Tarragon) vainqueur en 1988 du Prix Guillaume d’Ornano pour les couleurs Bédel, entraîné par Louis Boulard.
 
Notes : Le Prix Guillaume d’Ornano a été baptisé ainsi en 1987, en lieu et place du Prix de la Côte Normande et a été promu Gr.2 en 1983.
 
 
A droite en costume sombre, Yann Durepaire rentre dans le rond de Chantilly après le succès de son pensionnaire Vagabond Shoes (Stéphane Pasquier) dans le Prix de Chemin de Fer du Nord. Il entraine à La Teste.
 

 
 
Les groupes 3 ne dérogent pas à la règle puisque c’est encore le Centre-Est qui à l’honneur avec Pérouges, un élève d’André Rivière entraîné par le lyonnais, Alain Lyon (l’actuel mansonnien), vainqueur du Grand Prix de Vichy 1979 puis 1980.
Cinq ans plus tard, c’est le sarthois Dominique Sepulchre qui ouvre le bal des courses de 2 ans avec la victoire de la pouliche Beaujolaise, propriété du regretté Edouard Pouret, dans le Prix Eclipse.
Avec les deux victoires de ce dimanche provincial, le compteur affiche allègrement les 175 succès.
 
Que la fête continue et que selon la tirade de Fernand Reynaud, si vous descendez, montez donc, vous verrez les petits comme ils sont grands !