« Direction Pau pour Ares de la Brunie

Etalons de Gelos : une première réussie »

Feu Croisé est, après la victoire de Fairy Tail dans le Grand National, le second « conte de fée » de Yan de Kersabiec. Après avoir été réformé des courses ce cheval conçu par sa mère va s’aligner parmi les meilleurs dans le Prix Gaston de Bataille ce dimanche !

L’histoire de Feu Croisé débute voici huit ans en Gironde dans les dernières générations conçues par la Baronne Caroline de Freycinet. Bien qu’il montre alors une qualité certaine le matin, son début de carrière fut chaotique, le poulain enchainant quelques places et tendinites à répétition. Après trois saisons et trois entraineurs différents, son palmarès n’est guère brillant… Un peu moins de 9000 euros gagnés en onze courses pour une victoire et quatre places. A cela s’ajoute des jambes en très mauvais état. Feu Croisé est invendable et implacable, si bien que son propriétaire Yan de Kersabiec envisage alors : « De le vendre une petite somme pour le loisir ».

 

Le papier de Feu Croisé est un concentré d’aptitude au saut « made in Anglo-Arabie ». Son grand père Zeffir (père de Paulin de Sourniac) était lui aussi né chez Caroline de Freycinet.

 

Hervé Audoy est médecin. Il partage avec sa fille et son épouse sa passion pour les chevaux et les Anglo-Arabes de course en particulier. L’élevage familial a produit plusieurs très bons sujets comme Gozzo (25%, 6 victoires pour 123.930 euros les primes, 3ème du Prix Alain du Breil, Listed à Angers), Muscade (6 victoires pour 99.147 euros les primes), la très prometteuse Dame de Guerre, Pluie de Cendres (5 victoires pour 63.955 euros avec les primes)…

 

 

Ce permis d’entrainer, bien qu’amateur (dans le sens noble du terme), n’en est pas moins un véritable homme de cheval. En 1995 il achète trois yearlings Anglos. Deux seront très bons en courses avant d’être revendus aux Haras Nationaux : Freeland et Gnome ! C’est à cette occasion qu’est née une amitié avec la Baronne Caroline de Freycinet (naisseur de Gnome et Feu Croisé) et son fils Yan de Kersabiec.

 

Vingt ans plus tard, histoire de monter à cheval le matin avant d’aller rejoindre ses patients, Hervé Audoy accepte de s’occuper de Feu Croisé. Le cheval est monté, en fonction des emplois du temps de chacun, par Hervé Audoy, la fille de ce dernier et Yan de Kersabiec ! En parallèle Christine Audoy s’occupe des soins. Les sorties en extérieurs dans les bois et landes Girondines remettent ainsi en route celui qui, à l’âge de 6 ans, a déjà quitté les courses depuis un an. Son mode de vie à totalement changé et il passe désormais près de la moitié de son temps au pré. L’état de ses jambes s’améliore nettement.

 

C’est alors que Fabrice Barrao passe par hasard chez Hervé Audoy dont il est quasiment voisin. Il reconnait dans un pré Feu Croisé qu’il avait monté lors de sa dernière sortie en courses plus d’un an auparavant. Lors de ce steeple-chase notre Anglo-Arabe avait fait bonne impression à ce grand professionnel qui propose à Hervé Audoy de « l’essayer en cross ».

 

Le trio évoqué précédemment continue l’entrainement quotidien du cheval tandis que Fabrice Barrao apporte son expérience pour dresser le cheval aux subtilités du cross-country. Dès les premiers essais le cheval fait preuve d’une exceptionnelle aptitude au saut.

 

Fabrice Barrao nous précisait récemment : « C’est un sauteur hors pair. Il est très fluide et saute très bien la terre. Il est appliqué, avec du fond et le coup de rein pour finir ».

 

Dès ses débuts à Agen en Cross, Feu Croisé est dans le coup et termine second sous la selle de Fabrice Barrao. Les victoires et places s’enchainent, le cheval s’améliore au fil des courses et impressionne les professionnels. En 2012 il courra huit fois pour quatre victoires (et quatre places) dont le Prix Nikanor et le Prix Jean Granel (devant Paulin de Sourniac).

 

 

Yan de Kersabiec, Fabrice Barrao et Hervé Audoy sont enthousiastes et décident d’engager Feu Croisé contre les Purs et AQPS dans le Prix Cheltenham Glenfarclas, épreuve préparatoire au Grand Cross de Pau. Le challenge est de taille, notre Anglo-Arabe se mesure alors à certains des meilleurs chevaux Français de la spécialité. Sous 68 kilos il est l’un des concurrents les plus chargés.

 

A leur aise tout au long de l’épreuve, Feu Croise et Fabrice Barrao abordent les derniers 1000 mètres quand sur un gros saut de notre Anglo-Arabe, le jockey perd ses rênes qu’il récupère dans sa main gauche. Au moment d’en découdre le jockey n’a plus de direction !

 

 

Cette gêne n’empêche pas le cheval de produire son effort et le tandem finit troisième de la course au terme d’un remarquable finish. Le Grand Cross de Pau (65.000 euros) qui se court trois semaines plus tard leur ouvre les bras !

 

 

Yan de Kersabiec nous expliquait il y peu : « Hervé Audoy et Fabrice Barrao ont su détecter le potentiel du cheval. Je leur tire mon chapeau. Mon plus grand regret c’est de ne pas pouvoir partager ce bonheur avec ma mère. Malgré tout je profite au maximum de l’instant présent car avec les chevaux la roue tourne vite. C’est le cheval d’une vie».

 

Fabrice Barrao poursuit : « C’est mon cheval de coeur et cette belle histoire me fait plaisir. Je suis heureux de travailler avec Yan de Kersabiec et Hervé Audoy car nous sommes sur la même longueur d’onde. Le grand cross c’est un peu un pari mais vu ce que le cheval a montré lors de sa dernière sortie il peut faire quelque chose. C’est une belle aventure et nous y allons sans pression. Je suis ravi que ce cheval soit né chez la Baronne de Freycinet qui m’a soutenu par le passé. C’était une personne remarquable qui faisait très bien son travail d’éleveur. Elle méritait d’avoir fait naitre un tel cheval ».

 

 

Enfin pour conclure Hervé Audoy nous a confié récemment : « Nous voulions simplement nous amuser car Feu Croisé a toujours été un beau cheval très agréable à monter en extérieur. Il saute très bien et aurait sans doute pu faire un très bon cheval de sports équestres ! C’est vraiment une belle histoire de copains, sans pression, pour le plaisir. Nous nous amusons beaucoup ! ». De même il précise : « Les courses pour Anglo-Arabes sont le meilleur moyen de s’amuser quand on à pas le budget de l’Aga Khan. Les bons poulains sont accessibles, le programme est intéressant… ! ».

 

Feu Croisé a pu grâce à son entourage, sa qualité et un coup de pouce du destin passer du statut de réformé des courses à celui de prétendant sérieux pour le Grand Cross de Pau, une étape de la Crystal Cup ! Dimanche il aura toute l’Anglo-Arabie pour le soutenir dans cette épreuve mythique !

 

Adrien CUGNASSE